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Digressions
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Lettre de démotivation Madame la recruteuse, Monsieur le recruteur, L’annonce que vous avez fait paraître sur Monster.fr a retenu toute mon attention. En effet, pour accompagner le développement de votre société à l'international, vous souhaitez recruter un commercial fonceur et dynamique, parlant de préférence, deux ou trois langues en plus de la sienne. C’est un vrai scoop, votre annonce. Quand lirai-je enfin : « Recherchons vendeur mou, gras, démotivé et apathique » ? Ou bien mieux : « Nous recherchons notre directeur général, un bon vrai fumelard, pour manier au fouet les feignasses qui n’en branlent pas une sur nos lignes de production. » ? Au moins, ça aurait de la gueule et ce serait bien plus proche de la vérité. Tout compte fait, je me demande si je vais postuler. La lecture de mon CV va vous donner envie de me recevoir. On va se jouer la danse du ventre au cours de trois ou quatre entretiens, durant lesquels vous allez chercher à me convaincre que votre multinationale de mes deux est la plus belle du monde. Tandis que moi je tenterai de vous démontrer que je suis « the right man at the right place ». Vous allez me faire briller un plan de carrière imaginaire. Je vais idéaliser mes performances passées.. On fera semblant d’achopper un peu sur la rémunération parce que vous êtes aussi radins que je suis gourmant. Je vous titillerai un peu avec le modèle de la caisse de fonction que je souhaite parce que moi, Madame, Monsieur, je ne roule pas en Mégane. Et puis je veux une tablette PC. Et je ne travaille pas en open space. Je veux un bureau pour moi tout seul. On finira tout de même par tomber d’accord et le grand carnaval pourra alors commencer. Les réunions jusqu’20h00 le vendredi soir dans une obscure tour de La Défense, les « brain storming », les séminaires à la con, la pression. Avec un peu de malchance, je reporterai à un manager inefficace, peu intelligent et incompréhensif. Ca va vite me gonfler, je le pressens ! Je vais m’accrocher aux branches le temps de la période d’essai, que vous aurez le bon goût de renouveler car c’est la politique de votre boîte de merde : renouveler systématiquement toutes les périodes d’essai. Vous prendrez grand soin de m’assigner des objectifs inatteignables pour mieux pouvoir mettre en fin d’année, l’augmentation à laquelle je crois prétendre, au fin fond de mon anatomie. Tout en me faisant comprendre que rester dans vos effectifs pour l’année suivante relève d’une grande générosité de votre part. A ce petit jeu, croyez bien que vous ne serez jamais vraiment gagnants avec un vicieux comme moi. J’ai toujours pris grand soin d’adapter ma capacité à produire à mon degré de motivation. Les voyages à l’étranger peuvent occasionner de superbes vacances, savez-vous ? C’est une question d'organisation… Je vous ramène quelques comptes-rendus de rendez-vous bidonnés. Vous êtes tellement cons que vous n’y voyez que du feu et vivement le prochain voyage ! Si je postulais chez vous je crois, comme le chante si bien Cabrel, que : « Ce qui m’attend, je l’ai déjà vécu »… Alors, Madame la recruteuse, Monsieur le recruteur, même si votre annonce a retenu toute mon attention et bien il ne faudra pas compter sur moi. |
Vos commentaires
a Digressions impertinentes sur la société, la vie et ses rôtis de veau.
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