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Digressions
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Délirium très mince... Mardi 21 décembre. Dernière journée de l’automne, si j’en crois le calendrier que les pompiers de ma commune me proposent régulièrement à la fin de chaque année, moyennant le biffeton que je leur abandonne très volontiers, souvent agrémenté d’une solide tournanche de whisky. Si je ne raffole pas, pour un tas de raisons, des uniformes en général, j’éprouve un grand respect, pour ne pas dire de l’admiration, pour les soldats du feu. L’an dernier, l’occasion, l’herbe tendre comme disait Lafontaine, nous ont fait un peu abuser de la dive amphore et l’un d’entre eux dont je préserverai l’anonymat, est reparti de chez moi avec un chouette paire de godasses à bascule ! Je m’en fous, on s’en fout. Je ne voulais vous parler d’amour, chère lecteur, ni vous dire des chôôôôôses tendres mais simplement vous parler d’argot. Vous connaissez l’argot ? Je cite aussitôt mais en substance, la réplique d’un très vieux film, « fric-frac », qui réunit Arletty, Michel Simon et Fernandel : «L’argot pour un parisien, est aussi naturel que le patois pour un campagnard ». Est-ce une chance ? Je suis né à Paris et fus élevé, circonstances familiales obligent, par mes grands parents maternels, jusqu’à l’âge de dix ans. Ils m’adoraient et je crois le leur avoir bien rendu, enfin je fais ce que je peux, car figurez-vous que malgré mes 41 printemps, mamie est toujours de ce monde. Je revois le grand-père avec son éternelle gapette audiardienne vissée sur le sommet du crâne, sa clope au bec, son air gouailleur. Il était le champion de « l’argomuche », comme il disait si bien et ne détestait pas, à l’occasion, nous régaler de la poésie du langage des « louchébems », un dialecte propre aux bouchers des halles de Paris, endroit magique qui constituait alors son univers professionnel. Il m’a appris les bases d’un langage riche, imagé, percutant, jamais vulgaire, voire poétique, ne vous en déplaise. Je me suis ensuite perfectionné en découvrant la sainte trinité des auteurs en « ard » : Dard, Boudard, Audiard. Travaux pratiques, version : « Riton l’auverpiot, d’une nature jalmince, n’avait pas bien toléré que Nini-langue-de-velours, sa meilleure gagneuse, se laisse faire du gringue par un demi-sel corsico fraichement débarqué à Pantruche. L’explication avait mal tourné et Riton avait vidé un chargeur de parabellum dans le baquet du bellâtre. Les assiettes de la Seine lui infligèrent vingt piges de centrouze et Riton évita de justesse le voyage vers l’Abbaye de monte à regret grâce à un bavard de première. » Traduction « Henri l’auvergnat, jaloux de nature, avait exprimé un vif mécontentement à l’idée de savoir que Nicole, son employée modèle, se laissât séduire par un ambitieux jeune homme récemment arrivé à Paris, en provenance de sa Corse natale. Lors d’un entretien entre les deux hommes, Henri commit malencontreusement un homicide en trouant le ventre de son interlocuteur, à l’aide d’une arme à feu de fort calibre. Il fut condamné à vingt années d’emprisonnement par les assises de la Seine et évita de justesse la guillotine grâce à son talentueux avocat. » Si, si : c’est de moi… Bonne journée à tous !. |
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